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News du 3 décembre 2021

Je viens de faire, sous la pluie, ce que les agriculteurs appellent souvent un « tour de plaine », ce qui signifie faire le tour de ses cultures. Ce qui m’a donné l’idée de partager quelques réflexions avec vous qui ont plus trait à la stratégie d’exploitation que d’agronomie ou de techniques culturales.

J’ai été faire ce tour des cultures car j’entame, semaine prochaine, mon planning de cultures. Cela consiste à prévoir les surfaces de chaque culture pour l’année à venir. Ceci en plein champ comme en serre. Comme nous avons une 40aine de cultures sur l’année, cela représente un gros travail. En effet, on ne peut pas reprendre le travail de l’année d’avant car nous devons prendre en compte la « rotation des cultures «. La rotation des cultures, importante en conventionnel mais qui devient capitale lorsque l’on est en bio comme nous le sommes, est le fait d’alterner les familles de légumes sur une même surface, ceci afin, principalement, d’éviter une multiplication des ravageurs et, surtout, des maladies.

En effet, si vous remettez, par exemple, des pommes de terre au même endroit d’une année à l’autre, les spores de mildiou sont déjà présentes et les doryphores (qui s’enfouissent dans le sol pour l’hiver) n’auront que peu de chemin à faire pour trouver à manger l’année suivante. C’est en réalité beaucoup plus complexe que cela car on prend aussi en compte la fertilisation (vous mettez la culture la plus gourmande (choux/poireaux) en année 1, puis une culture un peu moins gourmande en année 2 (courges) puis une carotte en année 3, nettement moins gourmande, pour finir, par exemple, en année 4 par un oignon qui, lui, n’est pas fertilisé car cela nuit à sa conservation. On prend également en compte le type de légumes. En effet, on peut classer les légumes par grandes catégories : légumes feuilles, légumes racines ou légumes fruits. L’intérêt d’alterner ces types de légumes est d’exploiter des couches (systèmes racinaires différents de par leur forme et la profondeur qu’ils atteignent) et des éléments différents dans le sol, ceci toujours afin de ne pas l’épuiser.

Voyez-vous, un des grands principes du bio est de considérer, non pas la plante en priorité mais le sol. Un des grands soucis de l’agriculture productiviste telle qu’elle a été conceptualisée dans les années 50-60 a été de ne considérer le sol que comme un support physique et de se concentrer sur la plante. Plante à laquelle on apportait des engrais pour la nourrir, et des phytos pour régler ses problèmes. Alors, attention, je caricature un peu et mon discours manque de nuance. Nous réfléchissons bien sûr aussi en partie comme cela mais il s’avère que, en appliquant de bons principes de rotation, on peut éviter une partie des problèmes qui pourraient réclamer l’utilisation de produits phytosanitaires par la suite. Par ailleurs, je précise que le modèle productiviste auquel je fais allusion a aussi eu une grande utilité, celle d’assurer de hauts rendements et, tout simplement, de nourrir la population. Enfin, il n’est pas question d’opposer les modèles bio et non bios.

Nous sommes avant tout des agriculteurs et faisons le même métier. Comme il faut donc changer les cultures de parcelles et de serres et que comme nos parcelles et serres sont à peu près toutes de taille différentes, il faut refaire de fastidieux calculs pour savoir combien de plants produire ou commander (je commande les grosses séries) et combien de semences acheter. Ces calculs se font en considérant l’espacement entre rangs et l’espacement entre plants sur un même rang. Cette étape est aussi l’occasion de s’interroger sur les variétés utilisées et d’en essayer d’autres. On épluche donc beaucoup de catalogue de semences sur cette période. Cela pourrait ne pas être trop compliqué si on ne devait pas prendre en compte d’autres paramètres : il faut faire coller les surfaces de cultures à la main d’œuvre disponible (et vice versa) et, aussi, à ses débouchés. Puisque notre intention est de développer la vente directe, je dois donc changer ma gamme pour correspondre un peu plus à la vente directe et un peu moins au marché de gros.

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